ANALYSE. Une tonne de sondages ont été publiés depuis le début de la plus longue campagne électorale de l’histoire du Canada. La semaine dernière, des sondages électoraux contradictoires sont venus relancer le débat: faut-il règlementer les sondages en fin de campagne électorale?

Selon Patrick Préville, président d’Indice RP, une firme de relations publiques spécialisée notamment en mesure d’impact, «les résultats de sondages en temps d’élections peuvent influencer les choix des électeurs», «une situation inacceptable en démocratie», selon lui.

Dans une lettre d’opinions publiée dans les médias l’année dernière et qu’il juge plus que jamais d’actualité en 2015, ce dernier écrit que les sondages amplifient le phénomène du vote stratégique (au détriment des convictions), provoquent un effet d’entrainement (être du côté des gagnants) ou un sentiment de fausse confiance ou de découragement (désengagement).

Il cite notamment une étude française de MediaMento réalisée en 2012 auprès de 1000 personnes pendant trois jours. Près de 25% d’entre-elles ont ainsi changé de favori en cours de route selon les résultats de sondages qui leur étaient exposés, indique M. Préville qui pense qu’en temps d’élections les sondages devraient être réglementés, voire interdits.

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Le professeur de sciences politiques à l’Université Laval, François Pétry, prend cette étude avec précaution étant donné que seul le résumé est accessible. «Sur le plan scientifique, ça parait raisonnable, mais je doute que ce soit applicable au Canada où il y a beaucoup moins de candidats que dans l’expérience française (10). Comme les chefs sont déjà connus des électeurs, l’effet de changement serait probablement moindre», dit-il.

Quant à l’effet de vote stratégique, «les recherches ont montré que l’effet bandwagon se matérialise rarement au Québec et au Canada. Pas suffisamment en tout cas pour justifier qu’on interdise la publication des sondages», ajoute M. Pétry.