Le premier budget du gouvernement de Justin Trudeau a apporté quelques modifications au régime de l’assurance-emploi, mais les groupes de défense des chômeurs ne sont aucunement impressionnés par ces mesures.
Selon M. Gaétan Cousineau, d’Action Chômage Pabok, « il y a quelques allègements à l’assurance-emploi, mais ils sont mineurs. Par exemple, la nouvelle règle des deux semaines d’attente qui est ramenée à une semaine seulement. »
L’élément le plus intéressant, selon ce dernier, est l’abolition de la règle discriminatoire s’adressant aux nouveaux arrivants sur le marché du travail qui les obligeait à cumuler 910 heures assurables pour être admissibles à l’assurance-emploi.
« Nous avions demandé l’accès à l’assurance-emploi avec 300 ou 360 heures partout à travers le pays. Le gouvernement maintient le taux de chômage régional, qui lui, détermine le nombre d’heures nécessaires pour se qualifier. Donc, les libéraux maintiennent toujours la discrimination entre les travailleurs de l’Est du Québec, par exemple, et les travailleurs dans les autres régions à cause du taux de chômage régional », ajoute M. Cousineau.
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Le budget fait place à un investissement de 19 M$ pour améliorer le système, le service aux demandeurs, qui avaient été coupés de 40 M$ par les conservateurs. Par ailleurs, l’obligation aux prestataires de l’assurance-emploi d’accepter un emploi à un salaire inférieur même s’il suppose des déplacements sur de plus longues distances venant de la réforme de 2012 est abandonnée par les libéraux.
Trou noir
En plus, le gouvernement Trudeau a réintroduit la mesure qui permettait de verser jusqu’à 5 semaines de prestations supplémentaires. Cette mesure s’adresse aux 12 régions ayant enregistré la plus grosse hausse de leur taux de chômage et non plus celles où le taux de chômage est très élevé.
Le Québec étant exclu de cette mesure, plusieurs chômeurs n’auront aucun revenu au cours des prochaines semaines, ce sera pour eux le « trou noir ».
« On le vit présentement le trou noir, lance Gaétan Cousineau. Il y a des gens qui m’appellent pour me demander des informations ou encore quoi faire. Il y a beaucoup de gens qui, dans 5 à 6 semaines, n’auront plus aucun revenu en attendant que la shop ouvre au printemps. »
En conclusion, « nous sommes un peu désappointés. On sent que le gouvernement libéral nous donne quelques petits bonbons pour qu’on se calme un peu dans nos pressions, mais nous allons continuer à faire pression » sur le gouvernement, ajoute M. Cousineau.
Par ailleurs, le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE) n’est pas impressionné, lui non plus, par les mesures sur l’assurance-emploi contenues dans le budget fédéral.
Selon Marie-Hélène Arruda, coordonnatrice du MASSE : «L’élément le plus controversé de la réforme – soit la définition d’emploi convenable – a été éliminé, mais qu’est-ce que le gouvernement Trudeau a fait par rapport au Tribunal de la sécurité sociale ? Qu’est-ce qu’il a fait pour régler le problème du trou noir pour les travailleurs saisonniers des régions à haut taux de chômage ? »
Le mouvement demande au gouvernement de mettre en place les mesures suivantes : seuil d’accessibilité de 350 heures ou 13 semaines, taux de prestations d’au moins 70% basé sur les 12 meilleures semaines, abolition des exclusions de plus de six semaines, l’abrogation complète de la réforme Harper (dont le Tribunal de la sécurité sociale), un minimum de 35 semaines de prestations, ajout de 1 à 5 semaines de prestations supplémentaires pour les régions à haut taux de chômage, protection de la caisse d’assurance-emploi afin que les cotisations ne servent qu’au versement de prestations.
Précisons que Le Mouvement Action Chômage Pabok inc. « endosse entièrement le manque de respect des promesses électorales du parti libéral qui condamne à la pauvreté les travailleurs qui paient des cotisations, mais qui n’ont pas accès aux prestations et aussi tous ceux et qui vivent le trou noir présentement. »