Difficile de faire l’unanimité tant les promesses et les attentes étaient grandes vis-à-vis le budget fédéral présenté hier par le gouvernement Trudeau.

L’équipe TC Media Bas-Saint-Laurent/Gaspésie a fait la tournée de son territoire et a questionné différents intervenants du milieu afin qu’ils nous livrent à chaud leurs premiers commentaires. Voici un aperçu des principaux propos recueillis.

Guy Caron, député du NPD

Le député néo-démocrate de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques, Guy Caron, considère que le budget « tourne court » comparativement aux promesses faites par Justin Trudeau en campagne électorale.  « C’est 130 millions $ de moins que promis pour les jeunes et dans les services d’aide à l’enfance. » Il déplore aussi le gel du taux d’imposition aux PME à la hauteur de 10,5 % et dit constater que le budget Morneau ne contient pas vraiment de mesures pour les entreprises. Il s’engage à surveiller de près les investissements dans le transport en commun et les infrastructures, particulièrement en lien avec le projet de complexe sportif de Rimouski et celui de la réfection du port.

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Géatan Cousineau, Action Chômage

Pour le coordonnateur d’Action Chômage Pabok, Gaétan Cousineau, l’élément le plus intéressant est l’abolition des 910 heures pour les nouveaux arrivants sur le régime d’assurance emploi, mais rappelle que le budget ne redonne pas les cinq semaines additionnelles pour éliminer le trou noir pour les régions à haut taux de chômage. « Il y a en a beaucoup qui dans 5 à 6 semaines n’auront plus aucun revenu en attendant que la shop ouvre au printemps. Au final, nous sommes un peu désappointés. On sent que le gouvernement libéral nous donne quelques petits bonbons pour qu’on se calme un peu dans nos pressions, mais nous allons continuer. »

Danielle Doyer, mairesse de Mont-Joli

La mairesse de Mont-Joli applaudit aux 12 milliards qui seront investis sur 10 ans dans les infrastructures du Québec, mais aurait souhaité qu’Ottawa en donne davantage cette année. « C’est maintenant que l’économie tourne au ralenti et qu’elle aurait besoin d’être stimulée. ». Mme Doyer, qui garde le cap sur le financement de la mise aux normes du stade du centenaire, est optimiste quant à ses chances de réalisation. « Il y a 3,9 milliards qui sont là pour l’année 2016. Nous avons l’appui du député Massé qui défend notre projet, nous sommes bien positionnés », estime la mairesse, qui se réjouit de l’ouverture du fédéral pour financer jusqu’à 50 % des projets les plus urgents. « Reste à savoir maintenant quelles infrastructures seront admissibles et quelles seront les ententes avec Québec », ajoute-t-elle, en saluant au passage les nouvelles mesures budgétaires pour les familles et la classe moyenne.

Alphonse Bernard, comptable

Le comptable Alphonse Bernard, du cabinet ABCA de Carleton, doute que les mesures du budget permettent de relancer l’économie de la région. Parmi les mesures qui pourraient être avantageuses, il cite l’allocation pour les enfants, la majoration du supplément de revenu garanti pour les personnes à faible revenu et, dans une moindre mesure, les changements apportés à l’assurance-emploi. « Honnêtement, c’est assez limité. Il n’y a rien de négatif, mais je ne vois rien qui fasse en sorte qu’on relance la Gaspésie. »

Francis Saint-Pierre, préfet dans Rimouski-Neigette

Pour le préfet de Rimouski-Neigette, Francis Saint-Pierre, on espère que sa MRC aura sa part des investissements annoncés pour le transport en commun. « Nous pourrions bonifier notre service qui est essentiel pour briser l’isolement de personnes qui vivent dans de petites communautés. De plus, nous avons un plan de transport inter-MRC pour l’ensemble du Bas-Saint-Laurent. » La bonification du programme d’assurance-emploi lui semble aussi très favorable. « Le retrait des mesures du gouvernement Harper nous aidera à garder nos travailleurs et notre expertise en région, dans les domaines du tourisme, des pêches, de la forêt, de l’agriculture. »

Jean-François Fortin, politicologue

Le politicologue et professeur de sciences politiques au Cégep de Rimouski, Jean-François Fortin, qualifie ce budget de « bon premier pas en avant », tournant ainsi la page sur l’ère Harper. Selon lui, l’accroissement des investissements plutôt que l’atteinte de l’équilibre budgétaire constitue une bonne mesure à court terme avec une volonté d’accorder une plus grande place aux familles et aux chômeurs. Par contre, l’absence de plan concret de retour à l’équilibre le fait sourciller « Malheureusement, nous ne voyons pas de planification claire à cet égard, ne serait-ce que sur une période cinq ans ou de dix ans, pour nous dire pendant combien de temps le gouvernement compte présenter des budgets déficitaires. » M. Fortin voit cependant d’un bon œil l’instauration d’une nouvelle allocation canadienne pour les enfants, l’admissibilité des infrastructures communautaires, sportives et de loisirs à certaines enveloppes spécifiques, ainsi que le réinvestissement dans Radio-Canada.

Maurice Quesnel, chambre de commerce

Dans la Baie-des-Chaleurs, le directeur général Maurice Quesnel estime que l’annulation de la baisse d’impôt pour les PME pourrait être dommageable pour la région. « L’essentiel de nos entreprises sont des PME. C’est de l’argent qu’elles payaient déjà, mais ça pourrait avoir un impact sur leurs plans de développement si elles avaient prévu réinvestir cet argent-là. Un 2%, ça peut faire une bonne différence. »

Éric Forest, maire de Rimouski

De son côté, le maire de Rimouski Éric Forest dit voir apparaître « une lueur d’espoir » dans le dossier des infrastructures sportives. « Dans l’enveloppe de 120 milliards, je ne peux pas croire qu’il n’y en aura pas pour les régions. » Ce dernier se réjouit aussi de constater que l’enveloppe consacrée à la recherche et au développement a été considérablement augmentée et il croit que les investissements pourront profiter aux centres de recherche de la région.

Roch Audet, maire de Bonaventure

À Bonaventure, le maire Roch Audet est resté sur son appétit, notamment en ce qui concerne les infrastructures de sport et de loisir, alors que le projet de rénovation de l’aréna a été refusé au niveau provincial. « Je me demande où on va se rendre avec ça. Ce n’est pas ce que j’espérais comme investissement dans les infrastructures ». Il espère cependant que certains des projets de sa municipalité puissent se qualifier dans les projets « urgents » priorisés par le gouvernement, en matière de protection incendie et de traitement de l’eau.