Le ministre des Finances du Canada, Bill Morneau, écarte fermement la possibilité de rendre indépendante la caisse d’assurance-emploi.
En entrevue à La Presse Canadienne, M. Morneau a laissé entendre que le système fonctionnait bien selon sa forme actuelle et qu’il n’était pas «dans les discussions» d’en changer la structure.
«Je crois que le système marche maintenant», a-t-il indiqué, rappelant que de nouvelles mesures avaient été mises de l’avant dans son tout premier budget pour donner un coup de pouce aux chômeurs.
Le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique (NPD) réclament tous deux que la caisse d’assurance-emploi soit mise à l’abri du gouvernement fédéral, pour éviter qu’il puisse piger dans les surplus de la caisse pour faire fondre son déficit.
En 2014, le solde annuel de la caisse était de 3,5 milliards $, puis de 2,2 milliards $ en 2015. Ces montants viennent se mêler aux revenus du gouvernement.
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Dans son budget déposé mardi, le gouvernement de Justin Trudeau prévoit encore un surplus de la caisse pour 2016, soit 1,2 milliard $. Elle tombera en déficit l’année suivante, les libéraux diminuant le taux de cotisation. En effet, à partir de 2017, le taux de cotisation passera de 1,88 $ par tranche de 100 $ à 1,61 $, soit encore plus bas que ce qu’avaient promis les libéraux en campagne électorale.
M. Morneau a signalé en table ronde à La Presse Canadienne qu’un rapport actuaire était effectué à chaque année pour que le gouvernement soit plus à même de déterminer la cotisation idéale.
«Nous voulons être transparents (…). Je crois qu’avec le rapport, on peut expliquer exactement le niveau du prix requis pour les employeurs et les employés. Donc, c’est ça notre décision pour maintenant», a-t-il noté.
Selon le néo-démocrate Guy Caron, ce serait plutôt aux travailleurs et aux employeurs de choisir comment ils utilisent l’argent de la caisse et ainsi déterminer s’ils souhaitent privilégier l’accessibilité ou des cotisations plus modestes.
«Au lieu d’accroître l’accessibilité, surtout dans un contexte économique difficile, on diminue les cotisations. Ça a été le choix du gouvernement. Mais encore une fois, il n’y a pas eu de consultations auprès de ceux et celles qui cotisent», a-t-il signalé en entrevue téléphonique.
Il indique que 850 000 chômeurs n’ont pas accès aux prestations d’assurance-emploi parce qu’ils ne parviennent pas à se qualifier. En abandonnant l’obligation d’accumuler au moins 910 heures de travail pour y avoir droit dans le cas de Canadiens qui deviennent ou redeviennent membres de la population active, le gouvernement Trudeau estime que 50 000 personnes de plus pourront avoir accès aux prestations. C’est un pas dans la bonne direction, selon M. Caron, mais reste qu’ils sont encore nombreux à être laissés-pour-compte.
Par ailleurs, même si la caisse semble atteindre un point s’approchant de l’équilibre pour les prochaines années, rien ne garantit qu’elle y demeurera par la suite. «On pourrait retomber en situation de surplus, et encore une fois, comme la caisse n’est pas autonome, ces fonds-là se rajouteraient aux fonds généraux, comme ça a été le cas dans les 25 dernières années», a-t-il soulevé.
Le chef intérimaire du Bloc québécois, Rhéal Fortin, juge lui aussi «inacceptable» que ce ne soient pas les principaux intéressés qui gèrent la caisse.
«C’est encore une gifle aux travailleurs. On dit aux travailleurs « vous allez payer vos impôts comme tout le monde, mais non seulement vous allez payer des impôts, mais on va vous imposer un impôt déguisé», a-t-il illustré.
De façon générale, les travailleurs sortent gagnants du budget Morneau. En plus d’élargir l’accès aux prestations pour ceux qui font leur entrée dans la population active, le gouvernement libéral réduit également le délai de carence à une semaine. Il prolonge aussi la durée des prestations des chômeurs dans les régions touchées par la chute du prix du pétrole. Le coût des mesures pour améliorer l’assurance-emploi s’élève à 2,5 milliards $ sur deux ans.
Fannie Olivier, La Presse Canadienne