Depuis toujours, les arnaqueurs ont joué d’ingéniosité pour soutirer de l’argent à leurs victimes et c’est encore plus vrai en 2016, à l’ère du Web et des réseaux sociaux.
Pour conclure ce mois de la prévention de la fraude, on vous présente ici les cinq plus fréquentes, qui ont fait des centaines victimes partout dans la province. La Gaspésie n’y a pas échappé et les sommes perdues se comptent souvent en milliers de dollars.
La fraude grands-parents
Grosso modo, il s’agit d’une fraude par téléphone où des personnes tentent de se faire passer pour un membre de la famille en situation de détresse, invoquant un besoin urgent d’argent. Les fraudeurs prennent un bottin téléphonique et appellent au hasard, jusqu’à ce qu’ils entendent la voix d’une personne âgée, en tentant par exemple de se faire passer pour un petit-fils :
– Allo grand-papa!
– Oui, allo, c’est qui?
– Tu ne me reconnais pas?
– Humm … non … est-ce que c’est François?
– Oui, c’est moi. Écoute grand-papa …
À partir de ce point, les fraudeurs commencent à vendre leur salade en y allant souvent avec le scénario d’une arrestation dans un pays lointain avec une caution de 500$ ou 1000$ pour se faire libérer de prison. Montant qui peut être transféré directement par une agence du type Western Union, par exemple. En demandant évidemment de garder le secret entre le grand-père et le faux petit-fils, pour ne pas inquiéter le reste de la famille.
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« On utilise l’élément urgence et vulnérabilité des personnes âgées. Parfois on pousse l’audace avec un complice qui peut se déplacer et aller chercher l’argent directement au domicile de la personne âgée, ou qui se fait passer pour un policier. Ça peut aussi être une histoire de soins médicaux à payer. Cette fraude, il y en a beaucoup qui se sont font prendre. On dit toujours de prendre le temps de faire une contre-vérification. Quand on entend de ne pas alerter le reste de la famille, ça doit instinctivement vous mettre la puce à l’oreille », explique le porte-parole de la SQ, Claude Doiron.
La fraude nigérienne
C’est ce fameux courriel venant d’un parfait inconnu vous faisant croire que ce dernier a hérité de plusieurs millions de dollars et qu’il se recherche un contact au Québec pour pouvoir sortir l’argent de son pays, souvent le Nigéria, et qu’il vous donnera une généreuse commission de 10%. Les fraudeurs envoient des milliers de courriels en attendant que quelqu’un morde à l’hameçon.
Quand les démarches s’entament, on plaide que l’argent est sorti du pays, mais gelé dans une banque en Suisse et que ça coûte 2 000$ en frais de transaction pour sortir la somme. Croyant faire plusieurs centaines de milliers dollars, la personne allonge ce petit montant qui lui rapportera bien plus gros. Le fraudeur continue souvent avec une autre excuse, disant que l’argent s’approche, qu’il est maintenant en Amérique, mais que des frais de notaire de 1500$ sont exigés. Petit à petit, ce sont des sommes considérables qui partent en fumée.
« Des gens qui sont vulnérables, qui ne connaissent pas trop le Web et qui arrivent sur Internet vont tomber dans le piège. Ce sont souvent des arnaqueurs de l’Afrique francophone qui ne peuvent pas être retracés. On comprendra qu’on n’enverra pas un enquêteur en Côte-d’Ivoire par exemple pour quelques milliers de dollars, mais c’est important de porter plainte puisque les infos sont transmises à la GRC, puis à Interpol pour qu’ils endiguent le problème. La sensibilisation demeure la meilleure solution », estime M. Doiron.
Votre nouvelle amie Facebook
Tout commence avec cette jolie jeune fille avec une photo presque aguichante dont vous n’avez jamais entendu parler et qui reste à l’autre bout du monde, mais qui demande à être votre amie Facebook. Par curiosité, les gens souvent acceptent et entament une longue correspondance. Des liens sont créés, la relation devient amicale, voire intime. Certains hommes se laissent tenter et commettent des actes à connotation sexuelle devant leur webcam. C’est alors que le fraudeur se dévoile et avoue avoir enregistré des images compromettantes. Il tentera ensuite de soutirer d’importantes sommes, sous peine de quoi les images vont être publiées sur les réseaux sociaux, ou partagées à la conjointe et aux amis, puisqu’ils ont maintenant une foule de renseignements sur vous.
« Les gens ne veulent pas perdre leur réputation ou perdre leur famille, alors ils vont déposer des 5 000$. Les personnes qui se font prendre ce sont des professionnels, des travailleurs, des pères de famille qui ont une petite vie tranquille jusqu’au jour où ils vont se laisser tenter par les charmes d’une belle demoiselle outre-mer. On doit se poser la question pourquoi une belle personne à l’autre bout du monde qu’on ne connait pas veut tout d’un coup être votre amie? Ce sont des fraudes qu’on voit à tous les jours dans toutes les régions du Québec. Quand c’est trop beau pour être vrai, c’est justement que ce n’est pas vrai », explique Claude Doiron.
La contrefaçon
Toutes les arnaques ne se font pas sur Internet et les faux billets demeurent un fléau encore aujourd’hui, demeurant un moyen « simple » et rapide de frauder la société. Selon les données de la Banque du Canada, plus d’un billet contrefait sur trois a été utilisé au Québec dans l’année 2015. Les 5 400 faux billets écoulés font que la province est la deuxième plus active pour les faussaires, qui utilisent principalement des coupures de 5$ et 20$. L’arrivée des billets en polymère a cependant compliqué considérablement la tâche des faux-monnayeurs. Les autorités confirment que quelques personnes ont bien tenté le coup, mais sans grande réussite.
« Ça se faisait beaucoup plus facilement auparavant avec l’ancienne génération de billets faits de papier ou de coton. Avec l’arrivée de ceux en polymère, il y a eu quelques tentatives au Canada de les reproduire, mais en vain », explique le sergent Doiron. Devant ce nouveau défi non résolu, les faussaires ont cependant tenté d’écouler davantage les anciennes séries. La meilleure ligne de défense demeure au final de bien connaître les éléments de sécurité des billets et de garder l’œil ouvert.
Le vol d’identité
Encore aujourd’hui, certaines personnes utilisent l’identité d’autrui à des fins criminelles, que ce soit pour accéder à vos comptes bancaires, faire des achats et des retraits, dérober votre épargne, obtenir un passeport et même toucher des prestations du gouvernement. Une façon d’y parvenir est notamment d’envoyer des courriels non sollicités qui ressemblent à des courriels ou des sites légitimes d’institutions bancaires. « Les institutions financières ne communiquent jamais avec leurs clients par courriel. Ça ne se fait pas. C’est toujours par courrier, par téléphone ou en personne », explique Claude Doiron.
Notez que votre numéro d’assurance sociale est confidentiel qui n’est requis par la loi que pour déclarer des revenus lorsqu’une personne les tire d’un emploi ou d’un investissement. Même si de nombreuses entreprises peuvent le demander à d’autres fins, vous avez le droit de refuser dans de telles circonstances.