(Par Thierry Haroun) L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux voit d’un mauvais œil le transfert des travailleurs sociaux des CLSC vers les groupes de médecine familiale (GMF), alors que les médecins n’y voient que du bon.
Le CISSS de la Gaspésie a beau avoir tenté de rassurer les gens dans nos pages récemment quant à l’avenir des CLSC à la lumière du transfert de ces professionnels, la répondante politique régionale de l’APTS, Guylaine Michel, n’en est pas convaincue pour autant. Pour elle, c’est le début d’un démantèlement qui ne dit pas son nom.
« C’est vraiment inquiétant parce que cette décision, qui s’inscrit dans la réforme du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, c’est comme un pas de plus vers la privatisation du réseau de la santé. Il ne faut pas oublier que les GMF sont quand même des entreprises privées qui sont financées par des fonds publics. Et notre crainte avec ces transferts, c’est qu’il y ait graduellement un abandon des missions essentielles des CLSC comme la prévention ».
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Selon elle, il est clair que le transfert des professionnels de la santé des CLSC vers les GMF ne se limitera pas à l’avenir aux travailleurs sociaux, mais se poursuivrait avec le transfert des nutritionnistes. « On pourrait même, à la limite, penser que les ergothérapeutes ou encore des thérapeutes en réadaptation (seraient transférés)», craint-elle.
Un transfert qui ne règle surtout pas le cas des gens qui ne sont pas membres d’un GMF. Et même pour ceux qui le sont, rien ne garanti un accès rapide à un travailleur social, croit-elle.
« Autour de 20% des gens n’ont pas de médecin de famille. Et pour eux, le CLSC est la seule alternative. Et ceux qui sont membres d’un GMF, c’est très long parfois d’obtenir un rendez-vous avec un médecin. »
Pas de craintes
Malgré les craintes soulevées par l’APTS de même que par l’Ordre des travailleurs sociaux, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec estime que cette approche est salutaire.
Son président, Louis Godin, fait valoir que l’ajout de ces travailleurs sociaux en GMF n’a que des avantages sur le plan des soins en santé mentale, notamment.
Selon lui, ce transfert aura pour avantage de regrouper sous un même toit le service d’une infirmière, d’un médecin et d’un travailleur social. « On sait d’ailleurs, ajoute-t-il, que les GMF sont en développement. Ce sont là où les médecins s’installent. C’est là que la majorité des Québécois consomment des services de première ligne. C’est vraiment rapprocher ces services vers la population. » De toute manière, rappelle M. Godin, cette décision émane de Québec.