Comme à chaque année, les amateurs de golf pourront s’élancer sur les tertres de départ de Fort-Prével, dont l’ouverture est prévue pour la dernière fin de semaine du mois de mai.

Il s’en est cependant fallu de peu qu’on assiste à la fermeture de l’établissement, au moment où la Sépaq, qui était jusqu’à tout récemment gestionnaire des installations, a signifié en octobre dernier qu’elle n’opérerait plus le site pour des raisons financières.

Près de quatre mois plus tard, en février, aucun acheteur ne s’était manifesté et la société avait manifesté son intention de ne plus opérer l’endroit, avec un déficit d’exploitation de 750 000$ l’an dernier et un déficit accumulé de 17 millions de dollars en 30 ans.

Fort-Prével appartient dorénavant à l’ensemble de la collectivité, il tiendra à nous de lui donner l’image qu’on veut

Évangéliste Bourdages, porte-parole du comité de relance

Certains citoyens n’avaient cependant pas l’intention de laisser aller à la dérive ce lieu historique qui a fait les beaux jours de la région à une certaine époque. Suite à la création d’un comité de relance, les rencontres se sont multipliées entre le milieu, la Sépaq et les différents ministères impliqués. Les parties en sont finalement arrivées à une entente où les actifs seraient cédés pour 1$ à un organisme à but non lucratif, qui s’efforcera de relancer les activités pour en arriver à un équilibre financier.

Bien que la prise de possession officielle du site ne se fasse que bien plus tard, processus administratif oblige, assez d’éléments ont été ficelés dans les dernières semaines pour aller de l’avant.

Désyndicalisation

Les travaux d’entretien de Fort-Prével ont débuté ce lundi 16 mai par une dizaine d’employés, qui ont pu réintégrer leurs fonctions après avoir été mis à pied lors d’un congédiement collectif ayant eu lieu en avril. Une trentaine de personnes ont été touchées. Pour le moment, seules les activités du golf, de la cantine et du camping seront offertes. Il n’y aura d’ailleurs pas de professionnel pour cette année et la formation des plus jeunes sera assurée par les joueurs les plus expérimentés qui voudront bien s’y prêter. Les volets hébergement et restauration ne sont pas dans les plans à court terme.

Rappelons que les ex-employés avaient décidé d’abandonner les termes de leur convention collective dans une proportion de 78%. Une condition sine qua non à la poursuite des opérations aux yeux du comité de relance.

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« On reconnaît tous les efforts qui ont été faits et l’implication de tous les niveaux, mais la contribution la plus louable a certainement été celle venant des employés qui ont choisi de faire confiance au milieu et faire tomber plusieurs privilèges que leur accordait leur convention collective. On ne les remerciera jamais assez. Dans un contexte comme avant, on ne pouvait pas se permettre de démarrer », explique le porte-parole du comité de relance, Évangéliste Bourdages.

Équilibre sur 3 ans

Bien que le site ait été sauvé in extremis et en dépit d’une vingtaine d’emplois perdus, tout reste encore à faire afin d’équilibrer les finances. Pour démarrer, la Sépaq et le ministère de la Faune ont accordé au nouvel organisme à but non lucratif un budget d’opération de 1,3 millions de dollars, qui permettra de mettre à niveau et améliorer les infrastructures existantes. La priorité numéro un sera une mise à niveau pour le traitement des eaux usées. La deuxième sera l’installation des égouts pour le camping.

« En dépit de toutes les concessions qu’on a pu obtenir, on n’envisage pas d’avoir le point d’équilibre dès la première année pour une raison bien évidente qu’on doit assumer plein de responsabilités au niveau des actifs, comme l’électricité et les assurances, et qu’on n’aura pas de sources de revenus. On pense que sur un horizon maximal de trois ans, on va dépasser le point d’équilibre », estime M. Bourdages.

Séduire les golfeurs

Pour réussir à hausser les revenus, la prochaine étape sera d’augmenter l’achalandage. Pour ce faire, la stratégie sera de rendre plus accessible le golf et d’y donner une vocation familiale et régionale, en misant sur une compétitivité des tarifs. Les nouveaux gestionnaires auront d’ailleurs maintenant les coudées franches et pourront moduler les prix à leur guise afin de dresser les assises de leur stratégie. « Ce n’est pas logique qu’avec un bassin d’environ 25 000 personnes on ait le même achalandage qu’ailleurs en Gaspésie alors qu’ils ont une clientèle de beaucoup inférieure. », souligne le porte-parole.

D’ailleurs, pendant qu’un groupe s’affairera au volet sportif de la chose, un autre groupe travaillera à la phase deux, pour assurer un développement global. Des idées de partenariat ont déjà été lancées pour attirer des investisseurs et redonner à Fort-Prével ses lettres de noblesse. Un projet avec Patrimoine Canada est notamment sur la table pour mettre sur pied un centre d’interprétation, en lien avec les éléments historiques rappelant les événements de la Deuxième Guerre mondiale.

Mais pour l’instant, les golfeurs et toute la population ont rendez-vous dès la fin de semaine prochaine pour profiter pleinement de cette ouverture, qui a bien failli ne jamais avoir lieu. « Fort-Prével appartient dorénavant à l’ensemble de la collectivité, il tiendra à nous de lui donner l’image qu’on veut », conclut Évangéliste Bourdages.