Le salaire minimum au Québec est passé à 10,75 $ l’heure le 1er mai, Journée internationale des travailleurs, pendant que le mouvement de revendication pour un salaire minimum à 15 $ l’heure prenait de l’ampleur.
Cette hausse de 20 cents du salaire minimum horaire représente une augmentation de huit dollars pour une semaine de travail de 40 heures. Une majoration qui est toutefois loin de satisfaire les nombreuses organisations qui militent pour une hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure.
La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) joignait sa voix, dimanche, au concert de protestations qui se fait de plus en plus bruyant pour réclamer une hausse substantielle du salaire minimum.
En point de presse, son président Daniel Boyer a annoncé le lancement d’une vaste campagne qui fera la promotion d’une hausse graduelle du salaire minimum pour atteindre le palier des 15 $ par heure travaillée.
Plusieurs syndicats affiliés à la FTQ — dont celui représentant les employés des résidences privées pour aînés — avaient déjà lancé des campagnes allant en ce sens au cours des dernières semaines.
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La FTQ promet maintenant d’élargir la portée de ce discours pour inclure l’ensemble de ses travailleurs touchant le minimum horaire afin de leur offrir un «salaire viable».
Selon M. Boyer, une hausse étalée sur cinq ou six ans ne devrait pas plomber le taux d’emploi.
«L’économie s’ajuste», souligne-t-il en entrevue.
Un bond de 70 cents par année du salaire minimum permettrait d’atteindre le seuil de 14,95 $ l’heure en 2022, fait remarquer M. Boyer. Mais l’économie québécoise ne serait pas pour autant au bord de l’abîme, croit-il.
«Les gens qui vont gagner demain matin 15 $ l’heure, ils n’investiront pas ça dans les paradis fiscaux, s’exclame-t-il. Ils vont peut-être se payer une sortie au cinéma, se payer une sortie au restaurant, se payer un minimum de vacances.»
L’économie locale et régionale en sortirait donc gagnante, selon le président de la FTQ.
Il rappelle également que l’entreprise Costco offre un salaire très enviable à ses employés tout en demeurant compétitive sur le marché de la vente au détail.
L’homme d’affaires Alexandre Taillefer, un entrepreneur aguerri, s’est aussi exprimé publiquement en faveur d’une hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure, mentionne-t-il. Les employés de sa nouvelle entreprise, Téo Taxi, touchent d’ailleurs ce minimum.
Dimanche, le Comité des jeunes de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a également donné son appui à la campagne visant la hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure.
Samedi, c’était au tour du Front de défense des non-syndiqués, du Syndicat des travailleurs du communautaire et du Collectif pour un Québec sans pauvreté de se joindre au mouvement.
Jeudi, Québec solidaire a déposé à l’Assemblée nationale une motion pour instaurer le salaire minimum à 15 $ l’heure d’ici la tenue des prochaines élections en 2018.
Plus tôt cette semaine, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) publiait une étude suggérant d’établir un «salaire viable» à 15,10 $ l’heure.
De leur côté, les organisations patronales estiment qu’une telle décision nuirait à l’économie et à l’emploi.
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante croit que de majorer le salaire annuel en-dessous duquel les travailleurs ne payent pas d’impôt serait préférable à une hausse trop «marquée» du salaire minimum.
Selon l’Institut de la statistique du Québec, en 2014, 210 200 personnes gagnaient le salaire minimum dans la province, ce qui représente environ six pour cent des travailleurs rémunérés. Parmi ceux-ci, 58 pour cent étaient des femmes.
Aux États-Unis, les gouverneurs des États de New York et de Californie ont ratifié, il y a quelques semaines, des lois qui prévoient un gonflement graduel du salaire minimum pour atteindre 15 $ l’heure.
La ville de Seattle a également fait le même pari.
(La Presse Canadienne)