Le candidat à la direction du Parti québécois Alexandre Cloutier attendra d’avoir le «profond sentiment» d’être prêt avant de promettre un référendum sur la souveraineté.
M. Cloutier mise sur une démarche de préparation et de mobilisation pour décider s’il est possible de promettre une consultation après les prochaines élections de 2018.
«Quand j’aurai le projet de pays, quand les militants se le seront approprié, je vais vous dire à quel moment on va consulter les Québécois, a-t-il dit. Consulter sur un document qui n’est pas rédigé, c’est une mauvaise idée.»
La quatre candidats déclarés à la succession de Pierre Karl Péladeau étaient présents à l’occasion d’une réunion, dimanche à Drummondville, au cours de laquelle des représentants péquistes ont décidé que le nom de leur prochain chef sera connu le 7 octobre.
M. Cloutier a profité de l’occasion pour préciser son programme, en expliquant qu’il veut sortir du «flou» grâce à huit «chantiers» sur des thèmes comme la langue, l’économie et l’énergie pour définir son projet d’un Québec indépendant.
Publicité – Lire la suite de l’article ci-dessous
Aux journalistes, M. Cloutier a déclaré que cette démarche, qui se conclura en 2017, servira à décider si les appuis sont suffisants pour promettre un référendum.
«C’est des choses qui se sentent, a-t-il dit. Il faut que les Québécois aient le goût de participer à notre démarche, d’échanger avec nous.»
M. Cloutier a dû se défendre de la possibilité qu’il mobilisera les militants sans pouvoir assurer que leurs efforts porteront leurs fruits.
«C’est clair que ce qui va nous inspirer, c’est notre niveau de préparation, a-t-il dit. Je ne lancerai jamais le Québec dans une consultation populaire si je n’ai pas le profond sentiment d’être prêt pour y arriver.»
Les souverainistes de tous partis sont les bienvenus dans l’élaboration du projet, a indiqué le candidat, en référence aux efforts de convergence défendus par son adversaire, la députée péquiste Véronique Hivon.
«On ne ralentira pas notre rythme parce qu’il faut arriver à des consensus, parce qu’on doit avancer», a-t-il dit.
Mme Hivon, qui déciderait si un référendum est possible six mois avant le scrutin de 2018, constate que M. Cloutier s’en remettrait aux experts qui dirigeraient ses chantiers, alors qu’elle privilégierait le congrès du PQ et le parti lui-même pour définir le projet d’un Québec indépendant.
«Généralement, sa démarche est du haut vers le bas alors que la mienne part de la base», a-t-elle dit dans une mêlée de presse en anglais.
Le candidat Jean-François Lisée, qui a reporté toute velléité de référendum après les élections de 2022, a critiqué dimanche le manque de précision de la stratégie de M. Cloutier.
«Il dit: « Suivez-moi et six mois avant l’élection, ça se peut que je vous dise que je n’y vais pas », a-t-il dit. Je pense que c’est difficile de mobiliser quand on n’est pas certain de la destination.»
La candidate Martine Ouellet, qui a promis un référendum dans un premier mandat, a affirmé que la stratégie «occupationnelle» de M. Cloutier, trop centrée sur le PQ, est floue.
«Je pense qu’on ne doit pas demander de chèque en blanc aux membres du PQ et dire clairement vers où on veut s’engager», a-t-elle soutenu.
Un vote par téléphone et Internet se tiendra du 5 au 7 octobre 2016 et le résultat sera dévoilé au terme du dernier jour de scrutin à Québec, a annoncé le chef intérimaire Sylvain Gaudreault au cours d’une conférence de presse.
En clôturant une rencontre de députés et de cadres du PQ qui ont adopté les règles de la course, M. Gaudreault en a profité pour écorcher les libéraux, en les accusant de manquer d’unité.
«Pendant que le gouvernement du Parti libéral se prépare pour un caucus de la chicane, lundi, nos présidents de comté ont fait un travail dans la sérénité pour adopter des règles de démocratie», a-t-il dit.
La période de mise en candidature commencera officiellement lundi et se terminera le 4 juillet avec la présentation des candidats, qui coïncidera avec le lancement de la course.
Le président de l’exécutif, Raymond Archambault, a déclaré que chaque candidat devra avoir déposé 20 000 $ d’ici septembre, en plus de recueillir 1500 signatures de membres répartis dans sept régions et 45 circonscriptions d’ici le 30 juin.
Le plafond de dépenses de chaque candidat a été fixé à 200 000 $ comparativement à 400 000 $ pour celle de l’an dernier.
M. Archambault a affirmé que le plafond avait été revu à la baisse après le constat que seul Pierre Karl Péladeau l’avait atteint.
«C’est très possible de faire une course qui a du bon sens en bas de 200 000 $, a-t-il dit. C’est pour ça qu’on s’est dit que 400 000 $, c’était peut-être beaucoup trop.»
Le PQ a choisi le mode scrutin préférentiel, ce qui évitera l’organisation d’un second tour éventuel.
«Nous aurions préféré un mode de scrutin uninominal à deux tours, comme la dernière fois, mais si nous ne l’avons pas fait c’est pour des raisons financières», a-t-il dit.
Sur leur bulletin, les membres, qui auront jusqu’au 7 septembre pour régulariser leur situation en vue du scrutin, inscriront un premier ainsi qu’un deuxième choix.
Selon M. Archambault, qui agira à titre de président de l’élection, le scrutin préférentiel a été utilisé par le Bloc québécois, en 2005, ainsi qu’à «certains endroits dans le monde».
Deux débats sont prévus, probablement en septembre, un à Montréal et un autre dans une ville de région qui sera tirée au sort.
Le député péquiste Alain Therrien a affirmé dimanche qu’il était dans «une démarche commune», avec son collègue Nicolas Marceau, afin de déterminer quel candidat ils appuieront.
M. Therrien, qui a promis plus de détails mardi, a expliqué que leur objectif est d’appuyer un candidat qui propose un référendum dans un premier mandat.
«Je suis pour un référendum dans un premier mandat, qu’on le sente ou non», a-t-il dit.
Alexandre Robillard, La Presse Canadienne