SANTÉ. Le Syndicat des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes de l’Est-du-Québec (SIIIEQ) a présenté un « dossier noir » de l’état de santé du CISSS de la Gaspésie, et déposé une demande auprès de la Vérificatrice générale du Québec et du Protecteur du citoyen, pour demander une enquête sur les effets de la Loi 10 et des compressions budgétaires dans le réseau de la santé gaspésien.
Le « dossier noir » comporte plusieurs exemples concrets des effets des coupures sur tous les secteurs d’activités. Selon Micheline Barriault, présidente du SIIIEQ, un dossier sur la question a été déposé en avril au conseil d’administration du CISSS. « À plusieurs reprises, le SIIIEQ a alerté les membres du conseil d’administration pour les sensibiliser au fait que la diminution du personnel, les fermetures de lits, les fusions de centres d’activités, avaient des impacts directs sur les soins aux patients. Nous n’avons reçu aucune écoute réelle de leur part », dénonce-t-elle.
La présidente souligne le « travail remarquable » du personnel soignant, malgré les moyens et les ressources dont il dispose et les conditions difficiles dans lesquelles il évolue. « Nos membres vivent une situation difficile. Il y a plein de postes qui ne sont pas réaffichés ou remplacés. Nos employés ne se pognent pas le beigne. Tout le monde travaille fort », indique-t-elle.
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Depuis des mois, Gaétan Barrette prétend que les gestes qu’il a posé depuis 2014 n’ont pas eu de conséquences négatives dans le réseau de la santé, il fait la sourde oreille. Et bien aujourd’hui avec le dossier que nous présentons, il a les preuves papiers que ce qu’il fait actuellement c’est inacceptable, tant pour les patients, pour le personnel que pour l’ensemble de la population du Québec qui est en droit de s’attendre à des services de santé de qualité et de les recevoir en tout sécurité.
Micheline Barriault
Elle déplore également une situation qu’elle qualifie d’omerta, quant au droit de parole des employés. « Il y a des cadres qui ont demandé à des employés de ne pas faire de rapports d’incident-accident, parce que ça paraît mal. Ils demandent aussi aux travailleurs de ne pas se prononcer publiquement sur les conditions de travail dans le réseau », ajoute-t-elle.
« Nous avons fait les vérifications sur un rapport de 2-3 pages qu’on nous avait remis en mars, et il n’y a pas lieu de parler de crise ou de dire que c’est à cause de la Loi 10. Quand ce sont des problèmes normaux auxquels il existe déjà une solution, ce ne sont pas des problèmes », commente de son côté la présidente—directrice générale du CISSS, Chantal Duguay. « Ça me surprendrait énormément que des cadres briment la liberté de dénonciation, puisque nous avons un comité de gestion de risques qui la valorise », ajoute-t-elle au sujet de ladite situation d’omerta.
Les mécanismes de contrôle sollicités
Le SIIIEQ a entrepris des démarches pour déposer le dossier auprès de deux instances de vérification indépendante que sont le Protecteur du citoyen et la Vérificatrice générale du Québec. « Nous sommes d’avis qu’ils doivent être saisies du dossier des impacts des compressions budgétaires reliées à la loi 10 en Gaspésie afin que cesse cette démolition des soins de santé. La population de la Gaspésie y a droit et le personnel des soins a le droit d’avoir les moyens de donner des soins sécuritaires et des conditions de travail décentes », ajoute Mme Barriault.
Pour Mme Duguay, l’intervention de ces organismes serait la bienvenue. « Ce serait souhaitable, parce que ça viendrait rassurer la population. Ces sorties médiatiques ne viennent pas rassurer les personnes les plus vulnérables »