Beaucoup d’écrits, certains parus aussi tôt qu’en 1971, nous informent sur cet art très peu revalorisé qu’est la vogue kitsch à travers le monde.
Chez nous, cette façon de faire de l’art demeure ouvertement critiquée parce que cette pseudo-création constitue essentiellement la copie de grandes œuvres souvent étrangères, mais exécutées plutôt grossièrement, de façon industrielle.
Prenez cette lampe originalement vendue en paire pour le bureau de madame, de chaque côté du grand miroir. Une sculpture rappelant un personnage (peut-être asiatique, comme plusieurs compagnies américaines en ont produit), avec des notes caractéristiques de mise en valeur du théâtre et de la musique, le tout surmonté par un abat-jour typique des années 1950-1960.
Peu de détails
Il est facile de deviner que le moule ayant servi à la reproduction de milliers d’exemplaires du petit danseur ne démontre que trop peu de détails permettant de croire que l’artiste de la pièce originale ait pu laisser voir sa maîtrise en art.
Publicité – Lire la suite de l’article ci-dessous
Nous devinons également que l’autre lampe de la paire représentant certainement un homme accompagnant cette frêle danseuse comportait les mêmes éléments, les mêmes couleurs ainsi que le même type d’abat-jour avec ces petites roses des vents noir et or.
Une panoplie de ces paires de lampes, en céramique ou en plâtre, fabriquées en masse aux États-Unis, représentent très souvent une femme et un homme (asiatiques avec les costumes et tout un large éventail de couleurs). Ils nous sont parvenus au Canada immédiatement après la guerre de 1939-1945.
Exotisme
C’est à cette époque que les Canadiens et les Québécois réalisèrent que d’autres régions du globe, notamment l’Asie, savaient très bien produire des objets décoratifs totalement différents des nôtres.
L’exotisme et la faible valeur marchande de ces objets offraient l’occasion aux familles de chez nous de croire en la possibilité d’aller voir de l’autre côté du globe ce que ces artistes d’un autre monde pouvaient créer.
Mais ne soyons pas dupes, les compagnies d’ici, comme Céramique de Beauce ou La Poterie Laurentienne, entreprirent également une production de ces figurines, lampes et autres bibelots pour ce marché émergent. Comme les figurines fabriquées pour les lampes devaient très souvent reposer sur une base de bois ou de métal, la signature sous la pièce ne devint alors d’aucune utilité. Il y a donc une très grande production de ces objets qui ne pourront jamais être identifiés, faute de signature du fabricant.
Valeur
Pour ce qui est de ces paires de lampes, on devine que la valeur marchande qui peut grimper jusqu’à 150$ (surtout si les personnages sont des représentations de noirs) diminuera de moitié si on en achète qu’une seule.
Celle de la photo, dans un état remarquable de conservation, trouverait preneur chez un vendeur spécialisé de l’après-guerre pour une somme avoisinant les 50$.
Il s’agit là d’un style qui se marie bien avec des meubles de cette très brève période allant entre 1945 et 1960. Après cette date, je vous l’ai déjà mentionné, le style scandinave de la rue Amherst à Montréal et les poteries signées West-Germany (un peu grossières et avec des couleurs allant de l’orange au brun foncé), tient actuellement les amateurs en haleine.