Le regard hagard et le désespoir notoire de Rachel incarnée par Emily Blunt marquent l’adaptation de La fille du train. Mais la performance de l’actrice qui tient l’action à bout de bras ne suffit pas pour sauver le film qui s’étire avec lassitude pour aboutir vers une fin prévisible.
Étoiles ** et demie
Isabelle Laramée
En fait, la majeure proportion des étoiles attribuées ci-haut est décernée à la star. Emily Blunt y campe un personnage fort, assumé et incarné par le récit. Une performance capable de faire vivre les remises en question demandées au spectateur dans ce suspense qui tourne autour de la résolution d’une enquête sur la disparition d’une femme, Megan (Haley Bennett).
C’est que Rachel est la seule à posséder l’ensemble des indices pouvant mener au principal suspect de la disparition de la jeune femme qu’elle croise matin et soir lorsqu’elle revient de New York en train.
Depuis longtemps, Rachel s’assoit dans le wagon numéro 3 pour observer les occupants d’une maison, trois adresses plus basses que son ancienne demeure. Divorcée depuis peu, Rachel tente tant bien que mal de reprendre sa vie en main après avoir découvert les infidélités de son ex-mari (Justin Theroux).
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C’est cette vie de couple parfaite qu’elle regarde par la fenêtre du train dans cette demeure voisine habitée par Megan et Scott (Luke Evans). Cette illusion du bonheur se brise un matin alors que Rachel aperçoit Megan embrasser un autre homme sur la galerie extérieure. On ne reverra plus la jeune femme.
Rachel
L’intrigue basée sur le roman de Paula Hawkins tourne toutefois autour du personnage de Rachel qui tentera d’aider à résoudre ce mystère. Mystère duquel elle pourrait même être à l’origine. Mais la grande quantité d’alcool consommée ce soir-là lui a fait perdre la mémoire.
Comme spectateur, on sent cette détresse du personnage qui a peur de lui-même. Visiblement au bord du précipice, Rachel se cherche en même temps qu’elle recherche la vérité.
Malheureusement, la performance remarquable d’Emily Blunt n’est pas soutenue par les autres membres de la distribution qui proposent des personnages fades et sans grands rebondissements.
La mystérieuse Megan qui oscille entre l’image de la jeune femme parfaite et la garce de première est peu convaincante. Même constat pour l’ex-mari incarné par un Justin Theroux qui ne joue que sur un seul registre. Le personnage est littéralement écrasé par Emily Blunt lors des scènes conjointes.
On ne parlera pas d’Anna (Rebecca Ferguson) qui n’a qu’un visage: celui de la nouvelle flamme apeurée par l’ex-conjointe qui dérape.
Suspense
Il y a quelque chose qui tombe à plat lorsqu’on regarde La fille du train. Et ce n’est pas l’histoire. C’est peut-être la complexité de celle-ci dans ses nombreuses ramifications qui fait écouter le film avec une certaine distanciation.
Les innombrables éclipses de temps et le va-et-vient dans la chronologie de l’histoire rendent la compréhension du film difficile en première partie. Même chose pour les nombreux personnages qui s’entrecroisent dans ce récit complexe où tout le monde a ses secrets. On a l’impression qu’ils étaient trop nombreux et que leur étalage a été complexe à ficeler dans le scénario.
L’adaptation cinématographique ne transporte pas en elle le souffle haletant du roman. On glisse entre les mois, les jours, les heures de cette histoire avec une certaine longueur et une difficulté de s’y accrocher.
On n’embarque pas dans le train… on a l’impression de courir après de la même façon qu’on court après le thrill qui ne vient jamais. En aucun temps, le réalisateur Tate Taylor (La vie de James Brown) ne fait vivre ce serrement de poitrine qui fait s’inquiéter pour l’un des personnages. Même pas Rachel qui pourtant a tout pour développer cet affect.
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