Parmi les parutions estivales se trouve LoveStar. C’est carrément une deuxième vie pour ce roman islandais qui s’enrichit ici d’une couverture des plus attirantes et d’un prix abordable. Pas étonnant que l’éditeur se soit intéressé à ce roman irrationnel et onirique ; il s’intègre parfaitement à son catalogue en respectant bien l’esprit de la maison.
Inspiré par le système de communication des oiseaux, LoveStar, un scientifique ambitieux, crée l’humain sans fil. Une véritable révolution qui permet dès lors une panoplie d’inventions radicales. D’abord LoveMort, qui permet d’envoyer les morts au ciel – littéralement -, mais aussi InLove, qui offre la chance de trouver sa moitié, son seul et unique, grâce à un calcul précis. Tout ce pouvoir amène LoveStar à envisager LoveDieu; création ultime, qui pourrait bien être une consécration. Ou une fatalité.
Au cœur de cet univers délirant se déroule une histoire d’amour, celle d’Indriði et Sigríður, deux amants certains d’être des âmes sœurs. Lorsque Sigriður reçoit le résultat de son calcul InLove, ils apprennent qu’ils ne sont pas destinés à être ensemble. Dès lors, tout s’organise pour les séparer. Le chemin de LoveStar et celui des amoureux finit inévitablement par se croiser, au moment où tout déraille.
Publicité – Lire la suite de l’article ci-dessous
L’action de LoveStar prend place dans l’Islande telle qu’on la connait, ou plutôt telle qu’on a appris à la connaître ces dernières années à travers l’œuvre d’auteurs islandais de plus en plus populaires. Avec ce premier roman, Andri Snaer Magnason rompt toutefois avec le réalisme de ses contemporains, s’offrant plutôt une incursion du côté de la science-fiction.
À l’instar de Georges Orwell et son célèbre 1984, Magnason se positionne comme visionnaire de son époque. En effet, la première parution du roman remonte à 2002, avant Facebook, les téléphones intelligents et les publicités ultra-ciblées grâce à de puissants algorithmes. On y reconnait par ailleurs les thèmes propres aux grands romans d’anticipation soit la perte du libre arbitre et des libertés individuelles, l’asservissement et le contrôle total auxquels s’ajoutent des préoccupations très actuelles comme l’emprise de la publicité, la surconsommation et les catastrophes écologiques.
Roman vivant aux facettes multiples, 1984 apporte une réflexion intéressante sur les dérives de la technologie et du pouvoir.
Seul bémol, l’histoire est parfois difficile à suivre, partant un peu dans tous les sens. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un roman pertinent, très réussi et parfaitement accessible.
Un coup de maître pour l’auteur qui ne s’impose aucune limite, se permettant même une conclusion quasi-mythologique.
Audrey Martel, Librairie L’Exèdre, Trois-Rivières
LoveStar d’Andri Snaer Magnason