Jean-François Tapp et sa conjointe Pascale Deschamps devant l’une des façades du Camp de base Coin-du-Banc arborant leur certification des trois trèfles … qui s’accompagne d’une légende locale.
Crédit photo : Photo Le Pharillon – Jean-Philippe Thibault
Au rez-de-chaussée, deux personnes qui s’affairent à balayer un plancher de bois usé par les années dans une pièce pour l’instant vide et poussiéreuse, mais qui quelques jours plus tard deviendra le Salon Deguire où danse et musique traditionnelle feront vibrer les mélomanes.
Dans la cuisine, cuistots et serveurs étudient attentivement le menu et apportent les derniers correctifs pour l’ouverture imminente du restaurant qui, avec ses 50 places, accueillera de nouveau la visite dans cette ambiance d’époque qui tapisse la salle à manger et tout le Camp de Base Coin-du-Banc dans son ensemble. Au sous-sol, un menuisier concentré s’affaire à la tâche et le son de la scie ronde résonne sporadiquement, signe que les travaux n’arrêtent à peu près jamais tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de cet établissement bicentenaire. Bref, ça fourmille et la vie a repris son cours après une année de relâche, depuis que les nouveaux propriétaires Jean-François Tapp et sa conjointe Pascale Deschamps ont repris les rênes de cet endroit chargé d’histoire ayant longtemps appartenu à Lise DeGuire et Sidney Maloney.
Tout est loin d’être terminé et la tâche sera encore colossale pour mener à terme tous les projets qui mijotent dans la tête du couple, mais n’allez surtout pas leur dire que leur établissement n’est pas prêt à recevoir tout ce beau monde curieux de voir les changements apportés et découvrir la nouvelle offre de service, même si des ouvriers sont encore inlassablement sur place et qu’on peut voir à l’œil nu les travaux qui restent à effectuer. « En fait, on est loin d’être en retard, on est même pas mal en avance! Avec tout ce qui été fait depuis l’an dernier, on est plutôt rendu à la troisième année de notre plan d’affaires », rétorque le père du clan Tapp-Deschamps.
Chantier animé
Dès l’annonce de la vente de cette auberge mythique qui a emmagasiné dans ses murs deux siècles d’histoire, le téléphone a commencé à sonner, non pas pour réserver des nuitées – pas à ce moment à tout de moins – mais parce que des fonctionnaires avaient déjà une bonne idée des enveloppes budgétaires qui pourraient cadrer avec leur projet et quels programmes spécifiques pourraient leur donner un bon coup de main. Les choses se sont un peu précipitées à partir de ce point, histoire de respecter les échéanciers et profiter des programmes disponibles avant qu’ils ne soient échus.
Depuis, l’électricité a notamment été refaite, la plomberie a eu droit à un retuyautage en règle, la buanderie a déménagé ses pénates au sous-sol, toute la bâtisse a été soulevée à l’automne et pendant l’hiver pour couler une nouvelle fondation, le restaurant vient de rouvrir ses portes, les excursions de plein air ont été mises sur pied; et tout ça en naviguant entre la préservation du côté patrimonial qu’oblige l’endroit et en apportant une saveur locale propre aux nouveaux propriétaires.
« Les gens sont touchés de voir comment on respecte l’œuvre de M. Maloney et Mme DeGuire; ils apprécient les nouveautés qu’on y à apporter et ça nous touche beaucoup, explique Jean-François Tapp. Quand on décolle quelque chose de nouveau dans quelque chose de vieux, c’est certain qu’on va déplaire à certains, mais là les gens reconnaissent le souci qu’on a eu de respecter ce que c’était. Le plus beau cadeau qu’on a jusqu’à maintenant, c’est d’avoir des discussions avec des habitués qui sont enchantés et qui apprécient de voir la trame historique et qui se retrouvent dans du nouveau. Je souhaite vraiment que ça continue. »
Bon départ
Les 11 chambres et les 3 chalets étaient tous loués pour encore deux semaines au moment de notre passage et la réponse du public était encourageante, même sans campagne de promotion en bonne et due forme. Quelques articles spécialisés et généralistes par-là, un peu de bouche à oreille par-ci, le tout mélangé avec un soupçon de réseaux sociaux et déjà la sauce semble vouloir prendre.
D’ici septembre, au moins 75% des chambres ont déjà trouvé preneur. Et jusqu’ici, environ 20% de la clientèle a été composée de visiteurs européens, friands de ces lieux d’hébergement rustiques et historiques. Restera cependant à voir qu’elle sort sera réservé au Camp de Base pour cet hiver alors que l’établissement devrait être opérationnel pendant toute la saison froide. « J’ai hâte de voir si on va pouvoir continuer à surfer sur la vague quand elle va geler cet hiver, image Jean-François Tapp. Voir par exemple si la clientèle locale va y être en hiver pour le restaurant et si les forfaits plein air comme l’escalade de glace, le fatbike ou le ski de fond vont attirer les gens. »
Quoiqu’il en soit, pour le moment, les gens répondent à l’appel et malgré toute la besogne déjà effectuée, les projets continuent de s’accumuler. L’idée de construire une aile d’hébergement supplémentaire ou encore d’ériger de l’autre côté du chemin une aire spécifique pour ceux qui voudraient planter leur tente ou stationner leur véhicule récréatif est dans l’air, dans l’espoir d’avoir dans un futur plus ou moins rapproché une cinquantaine de lieux d’hébergement en tous genre. Tout cela dans le but ultime de développer autant que possible le créneau du plein air dans l’un des décors les plus enchanteurs de la région.
« On considère qu’ici, pour jeter l’ancre en Gaspésie et pour jouer dehors, il n’y a pas de meilleur endroit. On est collé sur Percé, évidemment; on est à une heure de Forillon; à environ 1 heure 30 de la rivière Bonaventure et pas trop loin non plus du Parc de la Gaspésie. C’est un lieu pas mal central, avec plein d’activités qu’on peut faire et c’est là-dessus qu’on veut capitaliser. On sait que c’est un gros projet et le temps nous le dira si on a eu raison ou non, mais pour l’instant on peut dire qu’on est bien heureux de l’engouement suscité autour de tout ça », conclut Jean-François Tapp.