Chaque année, des centaines de manquements reliés à des produits toxiques, des médicaments ou des trousses de soins sont constatés dans les garderies et les CPE du Québec.
Selon des données obtenues auprès du ministère de la Famille et analysées par TC Média, 1700 manquements en lien avec des médicaments (date de péremption dépassée, administration sans autorisation des parents, etc.) ont été constatés par les inspecteurs du ministère, en moyenne chaque année, entre 2010 et 2014.
Quant aux carences liées aux produits toxiques (lieu d’entreposage non-verrouillé et à portée des enfants par exemple), les inspecteurs ont noté 1400 infractions par année, en moyenne.
Soulignons également que près de 300 manquements concernant les trousses de premiers soins (comme des trousses incomplètes ou non-conformes) ont été relevés en moyenne, pour la même période.
Manque de nuance et d’uniformité
Si ces chiffres semblent à première vue troublants, l’Association des garderies privées du Québec (AGPQ) et l’Association québécoise des CPE (AQCPE) soutiennent que le site du ministère dresse un portrait alarmiste de la situation.
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Selon l’AQCPE, le même libellé est utilisé que ce soit pour le « non-respect d’une prescription ou un pot de vaseline qui n’est pas placé sur la bonne étagère ».
Mona Lisa Borrega, porte-parole de l’AGPQ, abonde dans le même sens. «C’est de l’information générique, explique-t-elle. Moi, comme parent, si je lisais tout ce qui se trouve sur le site du ministère, je trouverais cela épouvantable.» Alors que, selon la porte-parole, dans certains cas, les infractions sont mineures et le ministère ne le précise pas.
L’Association des garderies privées réclame un droit de réplique. «On demande depuis longtemps qu’il y ait une petite colonne sur le site web du ministère, à côté du manquement constaté, où le prestataire de service pourrait s’expliquer.»
CPE: la note parfaite, impossible?
L’Association des CPE déplore le manque d’information donnée aux services de garde quant à l’interprétation des règlements par les inspecteurs. Par conséquent, il est quasiment impossible pour un établissement d’obtenir une note parfaite, selon l’Association, même pour les meilleurs de la province.
Le ministère souligne que plus de 200 éléments sont vérifiés lors d’une inspection complète et qu’il est par conséquent très rare qu’un service de garde n’ait aucun manquement.
Notons que le libellé des manquements a été resserré en 2012 et en 2014 « pour renforcer la qualité des services de garde », indique Nadia Caron, la porte-parole du ministère.
Le programme éducatif laissé de côté
Le ministère de la Famille demande aux garderies et aux CPE de se doter d’un programme éducatif pour leurs enfants. En revanche, « personne ne vérifie son application », déplore Suzanne Major, responsable du Certificat en petite enfance et famille à l’Université de Montréal.
Les inspecteurs vérifient en effet si un programme éducatif est offert, mais ils n’en vérifient pas le contenu. « Les responsables prennent le programme éducatif du ministère comme référence, mais dans la pratique, les gens font toutes sortes de choses différentes et ça varie énormément d’un service à l’autre », ajoute la chargée de cours à l’UdeM.
Comment avons-nous fait ?
Le ministère de la Famille publie sur son site web les rapports d’inspection pour les garderies et les CPE. À l’aide d’un programme informatique codé par nos soins, nous avons extrait, à la fin du mois d’août dernier, l’ensemble des rapports depuis novembre 2009. Ces informations ne concernent que les inspections menées dans les centres de la petite enfance et les garderies. Le ministère ne publie pas les rapports d’inspection des services de garde en milieu familial.