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Les élus de la Gaspésie continuent d’ignorer l’information disponible et s’empêtrent dans des demandes d’information en direction du gouvernement, à la fois législateur et promoteur du dossier des hydrocarbures.
Les élus semblent à la recherche d’informations qui conforteraient leur appui aux projets d’hydrocarbure, plus que d’informations objectives sur les projets. Environnement Vert Plus leur demande toujours de retirer l’appui donné au projet Bourque en attendant de prendre les moyens nécessaires pour s’informer adéquatement.
« C’est très facile de dire qu’on n’a pas l’information nécessaire quand on refuse de rencontrer les gens qui l’ont entre les mains. Nous avons demandé une rencontre avec Daniel Côté et Gaétan Lelièvre à plusieurs reprises, et bien qu’ils m’aient dit que ça allait arriver, personne ne m’a contacté pour une rencontre de vulgarisation sur les projets. Même Pierre Moreau a passé 20 minutes en tête-à-tête avec nous lors de son passage en Gaspésie! Sommes-nous assez crédibles pour les élus nationaux, mais pas pour ceux et celles de la région? » s’étonne Pascal Bergeron, porte-parole d’Environnement Vert Plus.
Parmi les informations que nous avons depuis longtemps entre les mains que les élus refusent d’entendre, comme ils l’ont réitéré en conférence de presse :
1- Le projet Bourque opérera nécessairement par fracturation (ou par un procédé de stimulation analogue) pour atteindre des rendements justifiant une exploitation commerciale, et le nombre d’emplois créé ne rend pas le procédé moins dangereux. Les données de perméabilité du gisement, que le promoteur cachait jusque là, mais rendues disponibles dans le rapport, le confirment.1 L’évaluation du potentiel de Bourque a d’ailleurs été faite sur la base de l’utilisation de tels procédés. « Est-ce que nos élus nous disent que la fracturation ou un procédé analogue pourrait être acceptable, dépendant du nombre d’emplois liés? Veulent-ils vraiment jouer à la roulette russe avec la York et la Dartmouth? » s’indigne le porte-parole.
2- Le gaz « naturel » n’est pas un combustible de transition, comme l’affirme encore Daniel Côté. Pour être un combustible de transition, le gaz « naturel » d’origine fossile devrait permettre une réduction des émissions de GES à l’échelle de la province. Hors, même avec un scénario d’exploitation marginale, des émissions fugitives sous-estimées et un facteur de conversion du méthane en CO2 sous-évalué, les commissaires du BAPE sur les gaz de schiste en 2014 arrivaient à une augmentation de 3% des émissions de GES de la province.2 Un groupe d’expert du GIEC réitérait lors d’un briefing technique récent que le gaz « naturel » fait aussi partie du problème en terme climatique.3 « Daniel Côté demandait de l’information vulgarisée indépendante lors de sa conférence de presse : voilà quelque chose que nous aurions bien aimé lui mettre entre les mains, ça lui aurait évité de répéter cette ineptie une fois de plus » explique le porte-parole.
3- Le gouvernement du Québec et le promoteur des projets de pétrole et de gaz ne sont pas des sources d’information indépendantes. Questionné en chambre sur les montants investis dans le projet Bourque, la ministre de l’Économie cède sa place au ministre de l’Énergie, rendant caduque la distinction entre législateur et promoteur. Pierre Moreau justifie sa réponse en évoquant Délisca qui veut les emplois liés au projet Bourque.4
La mairesse de Murdochville ne se fait pas honneur en disant que « La résolution (d’appui à Bourque) est là pour rester jusqu’à ce que la position change. »5 « Autrement dit, on ne la retirera pas tant qu’on ne la retirera pas? La mascarade doit cesser! La MRC doit empêcher le gouvernement libéral de Couillard et Moreau de se servir d’eux pour justifier les M$ gaspillé à Bourque. Nous tendons toujours une perche aux élus pour leur apporter de l’information pertinente dans le dossier. En attendant, la MRC doit retirer son appui à Bourque et admettre que la population de la Gaspésie, des communautés autochtones, et de toute la province ont leur mot à dire sur l’acceptation de ce projet » conclut le porte-parole.
Environnement Vert Plus invite les personnes qui se sentent concernées à se rendre au Conseil des maires pour poser des questions mercredi prochain, le 13 décembre 2017, à l’Hôtel de ville de Cloridorme, à 17 h.
1 Voir le rapport de Sproule, p. 26. http://environnementvertplus.org/rapport-sproule-bourque/
2 Tiré du : « Rapport synthèse des résultats du Centre interuniversitaire de recherche sur le cycle de vie des produits et services (CIRAIG) sur l’impact des émissions de gaz à effet de serre de la filière du gaz de schiste au Québec » présenté lors du BAPE de 2014 (no. 307) sur la filière gaz de schiste.
3 Voir la vidéo, très vulgarisée, à partir de 9:40 : https://www.youtube.com/watch?v=qZ-4WJKDkl8&list=PLCsAaFc7QzJ-x0OPylypy15pgYR3Rdkto&index=1 Cette présentation intègre des rapports provenant de plusieurs universités américaines : https://www.rvhq.ca/wp-content/uploads/2017/09/Version-compl%C3%A8te-Des-scientifiques-d%C3%A9boulonnent-le-mythe-du-gaz-naturel-comme-%C3%A9nergie-de-transition.pdf
4 Voir l’extrait de la période de question à l’assemblée nationale. À partir de 3:56 pour entendre la justification des demies vérités du ministre sur la position de la mairesse de Murdoch : https://www.youtube.com/watch?v=nXfISzLZPrE&feature=em-uploademail
5 Écoutez le dernier extrait de la conférence de presse à l’adresse : https://radiogaspesie.ca/nouvelles/actualite/elus-souhaitent-tenue-dune-seance-dinformation-publique-projet-bourque/